Dès le début du projet en 1997, un design permacole de l’écovillage a été établi. Avec l’aide d’un urbaniste et d’un concepteur en permaculture, le site a été observé pendant 1 an et les éléments clés du terrain ont été identifiés : la faune et la flore ont été analysées, les ressources solaires et éoliennes ont été évaluées, le sol a été étudié… Sur la base de ces observations et sur des approches permaculturelles et des principes écologiques, un plan directeur local a été créé et a divisé l’ensemble de la zone en plusieurs petites zones ayant des objectifs différents.
Actuellement, le développement communautaire ne repose plus sur ce schéma directeur mais la localisation des nouveaux bâtiments est analysée suivant plusieurs critères, ce qui garantit la bonne intégration des bâtiments dans l’environnement existant.
La protection des cycles de l’eau
Jusqu’en 2013, la communauté s’approvisionnait en eau directement à partir de 2 puits creusés dans l’écovillage à une profondeur de 45 mètres, mais en 2014 l’écovillage a dû se raccorder au réseau d’eau municipal, sans avoir la possibilité de s’opposer à cette décision. Toute l’eau domestique est donc fournie par la municipalité tandis que l’irrigation des jardins, qui représente la moitié de la consommation totale d’eau, se fait encore avec l’eau pompée des puits.
La consommation domestique d’eau potable est d’environ 60 litres par personne et par jour, soit environ la moitié de la consommation moyenne d’eau potable en Allemagne. Afin de réduire leur consommation d’eau, plusieurs mesures ont été mises en œuvre à Sieben Linden.
Premièrement, toutes les toilettes de la communauté sont des toilettes à compost, dans lesquelles l’urine et les matières fécales sont séparées. Outre la limitation de la consommation d’eau, la pollution des eaux usées est fortement réduite grâce à l’utilisation de toilettes à compost, ce qui permet de limiter la surface couverte par la station d’épuration. De plus, cette méthode permet de réduire la taille des conduits utilisés dans le système d’égouts.
Après avoir été séparés de l’urine, les matières fécales sont compostées dans des installations séparées, avant d’être utilisés pour la plantation d’arbres. L’urine est évacuée avec les eaux usées vers la station d’épuration qui contient 2 bassins principaux. Les eaux usées s’écoulent d’abord dans un bac de décomposition contenant de la paille : les matières solides et la paille se mélangent et se décomposent anaérobiquement. Les eaux usées alors débarrassées de toutes les matières solides sont ensuite pompées vers une zone plantée de roseaux où les bactéries digèrent toutes les substances dissoutes. L’eau purifiée s’écoule dans un réservoir de contrôle où elle peut être pompée pour arroser les jardins. Tout le surplus d’eau purifiée non utilisé pour l’arrosage est évacué dans les bois.
L’utilisation d’énergie issue de sources renouvelables
Quand on parle de production d’énergie, c’est principalement pour la production d’électricité et de chaleur.
De nombreuses solutions différentes permettent de réduire les besoins en chaleur à Sieben Linden :
- la surface habitable étant limitée à 33 m² par habitant, la surface à chauffer est réduite
- les maisons sont bien isolées, ce qui permet de conserver la chaleur pendant les hivers froids. Plusieurs maisons sont également équipées de systèmes de ventilation à récupération de chaleur, qui permettent de récupérer la chaleur résiduelle de l’air extrait pour préchauffer l’air neuf introduit dans les maisons.
- dans chaque maison, les pièces de vie sont exposées au sud, avec de grandes baies vitrées, ce qui permet au soleil d’atteindre et de réchauffer les pièces
- pour la production d’eau chaude sanitaire, des panneaux solaires thermiques ont été installés sur chaque maison : environ 2m² par habitant sont désormais installés dans l’écovillage
Pendant les mois d’hiver, lorsque le soleil n’est plus suffisant pour réchauffer les maisons et produire l’eau chaude, on utilise du bois de chauffage collecté dans la forêt de l’écovillage (environ 2,7 m³ de pin par personne et par an) : le bois est brûlé dans des chaudières, utilisées en parallèle des panneaux solaires et des réservoirs d’eau chaude.
Il est important de noter que les besoins en chauffage sont très variables dans l’écovillage et dépendent du type de logement et de son isolation : les roulottes sont très mal isolées et nécessitent d’importantes quantités de bois de chauffage. A l’inverse, toutes les maisons sont bien mieux isolées et nécessitent moins de bois pour être chauffées : par exemple, la maison appelée Sonnenhaus Libelle, construite en 2011, a réduit la consommation de bois de chauffage à 0,6m³ par personne et par an en utilisant une isolation très efficace, des fenêtres à triple vitrage et davantage de panneaux solaires (6m² par habitant).
En termes de production d’électricité, l’écovillage est équipé de panneaux photovoltaïques (PV) couvrant une surface de 392 m² (environ 3 m² par habitant) : au total, 65% de la consommation électrique totale de l’écovillage est produite avec des panneaux PV. L’électricité produite sur place est, en cas de besoin, directement consommée par les écovillageois. Lorsque la production est supérieure à la consommation instantanée, l’électricité en surplus est injectée dans le réseau. Au contraire, lorsque la production n’est pas suffisante pour couvrir toute la consommation de l’écovillage (par temps nuageux, pendant la nuit ou en hiver par exemple), l’électricité est importée du réseau électrique national.
Au total, la consommation électrique est d’environ 400 kWh par personne et par an à Sieben Linden, 4 fois moins que la moyenne allemande : cela s’explique par le fait que très peu d’appareils électriques sont utilisés dans l’écovillage, et surtout par l’absence de radiateur, de chaudière ou cuisinière électriques (la cuisson se fait au gaz). Toutes les machines à laver sont équipées d’une arrivée d’eau chaude, ce qui réduit la consommation d’électricité.
Plusieurs projets de réduction de la consommation d’énergie ou d’augmentation de la production locale d’électricité sont à l’étude : une éolienne pourrait être installée pour fournir de l’électricité et serait complémentaire des panneaux photovoltaïques. Le stockage d’électricité est également envisagé.
La production de nourriture à partir de l’agriculture biologique
L’objectif de la communauté en termes de production alimentaire est de développer une consommation consciente : l’idée est donc de faire prendre conscience de l’impact de notre consommation sur l’environnement et la société en général. Cela repose en partie sur l’autosuffisance pour divers produits.
Plusieurs activités agricoles sont organisées à Sieben Linden dans ce sens, avec la culture d’environ 2,5 hectares de jardins pour fournir à la communauté des légumes, des fruits et des aromates.
Un jardin communautaire a été créé pour la production locale : environ 1 hectare (la zone sera agrandie dans les prochains mois) est cultivé pour fournir des légumes à la communauté et aux hôtes. 4 employés et plusieurs bénévoles travaillent toute l’année dans le jardin, ils sont régulièrement aidés par d’autres membres de la communauté en cas de besoin.
3 serres (d’une superficie d’environ 350 m²) permettent la production des plants et de légumes ayant besoin de températures chaudes pendant l’été : tomates, concombres, courges, poivrons et aubergines.
Au total, environ 50 plantes différentes sont cultivées chaque année dans le jardin communautaire, en utilisant des méthodes écologiques et en limitant l’utilisation de tracteurs.
Depuis 20 ans, un jardinier indépendant du nom d’Uga cultive un jardin d’un hectare loué à la communauté : la majorité des fruits et aromates consommés par la communauté proviennent du jardin d’Uga. D’autres légumes comme le maïs, les courgettes, les poireaux sont aussi cultivés dans ce jardin.
Uga a également créé une pépinière d’arbres et produit de nombreux arbres fruitiers différents vendus dans toute la région.
Plusieurs autres membres de la communauté louent une parcelle et cultivent leurs propres légumes, pour développer l’autosuffisance de la communauté.
Au total, environ 75% des besoins de la communauté en légumes, fruits et aromates sont couverts localement dans l’écovillage.
La construction de bâtiments durables
La communauté vit actuellement dans 12 bâtiments résidentiels et environ 45 roulottes qui ont été rénovées, isolées et converties en lieux de vie.
Dès les premières années de l’écovillage, la construction écologique a toujours été une priorité pour la communauté : les 2 premiers bâtiments, déjà construits lors de l’achat du terrain, ont été rénovés et agrandis avec des matériaux naturels et durables.
De nombreux bâtiments d’habitation ont été construits en utilisant la technique des ballots de paille dont les principaux matériaux sont des ballots de paille, de bois et d’argile. Cette méthode de construction est particulièrement intéressante pour limiter l’impact écologique des maisons : les ballots de paille sont récoltés dans les champs voisins, le bois et de l’argile sont fournis localement.
Lors de premiers chantiers, la construction en ballots de paille n’étant pas reconnue comme une technique officielle de construction en Allemagne, les membres de la communauté ont dû effectuer un important travail de pionnier afin de légitimer et d’améliorer la compréhension des constructions en ballots de paille.
Ainsi, la « Villa Strohbunt », construite de 2001 à 2004, a été la première construction en ballots de paille en Allemagne à obtenir un permis de construire : elle a été intégralement construite à la main, à partir de matériaux locaux et recyclés.
En 2004, la maison en ballots de paille de 3 étages «Strohpolis» était la plus haute maison résidentielle de ce type en Europe et a permis la validation officielle que cette technique de construction en Allemagne.
La maison présentée dans l’image suivante a été construite en 2008, en utilisant une construction à ossature bois et une isolation en ballots de paille. Il s’agit de la première tentative de construction d’une maison avec des murs en ballots de paille préfabriqués préparés dans un atelier : les panneaux ont ensuite été montés à l’aide d’une grue, ce qui a rendu le chantier moins dépendant des conditions météorologiques.
La construction durable n’est bien entendu pas réduite à la technique du ballot de paille : ainsi, une règle courante à Sieben Linden est que la surface habitable doit être limitée à 33 m² par habitant. Par ailleurs, plusieurs matériaux de construction sont exclus dans les bâtiments de Sieben Linden car ils ne sont pas écologiques : laine minérale, PVC, mousse polyuréthane …
Bien qu’elles soient bien isolées, les roulottes ne sont pas aussi efficaces que les bâtiments en termes d’isolation et nécessitent beaucoup plus de chauffage. Les roulottes sont donc considérées comme une solution temporaire pour accueillir des habitants, avant la construction de résidences plus écologiques (la communauté vise à construire environ un nouveau bâtiment par an).
La protection de la biodiversité et la régénération des écosystèmes
La communauté de Sieben Linden est particulièrement consciente de la perte de biodiversité mondiale et est profondément engagée dans sa protection.
Localement, cela commence par une limitation de l’artificialisation des sols : les bâtiments sont construits sur des surfaces limitées, afin de pouvoir remplir leurs objectifs sans compromettre le milieu naturel environnant. Par exemple, pour chaque immeuble résidentiel, la surface de construction par habitant est limitée afin de réduire la taille du bâtiment : la surface d’habitation ne doit alors pas dépasser 33 m² par habitant.
Le partage de certains services entre habitants est également un moyen particulièrement efficace de réduire les surfaces de construction. Des laveries communes sont utilisées à Sieben Linden : en partageant les mêmes machines à laver, il est possible de réduire les coûts de construction des bâtiments (car vous n’avez pas besoin d’inclure une laverie dans chaque appartement), acheter des machines à laver plus chères et plus efficaces et augmenter l’utilisation des appareils.
Sieben Linden est également particulièrement conscient de l’impact de la gestion des terres sur la biodiversité, que ce soit dans les zones bâties, agricoles ou forestières.
Dans la zone résidentielle, de nombreux jardins et espaces ouverts ont été créés, ce qui contribue à développer une biodiversité importante, en particulier pour les oiseaux.
Un grand étang a également été créé dans l’écovillage : bien que son premier objectif soit d’être utilisé comme bassin de protection incendie en cas d’incendie, il est également très utilisé par les habitants pour se baigner et c’est aussi un habitat pour de nombreuses espèces différentes d’insectes et d’amphibiens.
Les 20 hectares de champs arables ne sont actuellement pas utilisés par la communauté, ils sont loués à un agriculteur qui les cultive de manière écologique. Un projet d’agroforesterie a été lancé sur ces champs, qui consiste en la plantation de haies d’arbres et d’arbustes parmi les cultures.
La gestion forestière est également une activité importante pour la communauté puisque plus que 70 hectares de forêts sont sous la responsabilité de Sieben Linden. Des techniques forestières naturelles et durables sont utilisées pour fournir au village suffisamment de bois de chauffage pour la production de chaleur en hiver : les chevaux de trait sont préférés aux tracteurs pour réduire le compactage du sol. Quelques arbres sont également sélectionnés pour être utilisés comme matériaux de construction dans les bâtiments communautaires, ce qui permet une élimination à long terme du CO2. Les arbres tombés sont souvent laissés pour qu’ils puissent se dégrader naturellement, fournissant un environnement favorable pour une faune et une flore spécifiques.
La forêt était auparavant principalement plantée et constituée de lignes interminables de pins. La communauté coordonne l’utilisation des arbres existants et la replantation de nouveaux arbres, pour les prochaines générations. La forêt replantée est un mélange d’arbres feuillus, pour permettre une meilleure biodiversité en forêt, qui apportent de très jolis contrastes en forêt.
La mise en place de systèmes de transport public durables
La communauté de Sieben Linden entend limiter son empreinte écologique en termes de transport, qui représente la plus grande part de l’empreinte de la communauté.
Le premier moyen pour atteindre cet objectif est de proposer autant de services et d’activités que possible dans la communauté : une majorité des biens nécessaires à la communauté sont proposés localement, à l’épicerie par exemple, et de nombreuses activités sont organisées sur place et proposées aux écovillageois.
Lorsque les voyages ne peuvent être évités, le transport en bus et en train est encouragé : tous les clients sont incités à utiliser les transports en commun pour rejoindre et quitter Sieben Linden.
15 voitures sont partagées entre les membres de la communauté et des vélos électriques peuvent également être empruntés.
L’empreinte écologique
Des analyses de l’empreinte écologique de l’écovillage ont été réalisées afin de mesurer l’impact humain de l’écovillage sur l’environnement. Dans la pratique, l’empreinte écologique exprime la surface nécessaire pour produire les ressources nécessaires à un individu et absorber les déchets qu’il génère sur une période d’un an. Cette empreinte peut être exprimée dans une unité normalisée de la superficie terrestre appelée hectares globaux (gha) ou en nombre de Terres nécessaires pour soutenir la population à ce niveau de consommation.
Par exemple, en Allemagne, l’empreinte écologique en 2016 (dernières données disponibles pour le moment) était de 4,84 gha par habitant. Cela correspond à 2,97 Terres : ainsi, si toute l’humanité vivait comme les Allemands, nous aurions besoin de 2,97 planètes pour soutenir ce que l’humanité exige de la nature. Globalement, l’empreinte écologique de l’humanité en 2016 était de 1,7 planète Terre, ce qui illustre que l’humanité est en déficit écologique (l’humanité utilise plus de ressources et génère plus de déchets que l’écosystème ne peut en gérer).
Deux études différentes ont été réalisées pour évaluer l’empreinte écologique de la communauté : la plus récente a été réalisée par l’Université de Turin en 2014. Elle montre que l’empreinte écologique globale de Sieben Linden est de 56% de la moyenne allemande.
Plusieurs conclusions peuvent être tirées à partir de cette étude :
- si l’empreinte écologique de l’écovillage est bien meilleure que l’empreinte nationale, elle n’est toujours pas suffisante pour permettre une vie durable
- il y a encore une marge d’amélioration importante dans plusieurs domaines, et en particulier dans les transports : en effet, une optimisation et une limitation de l’utilisation des voitures particulières et une extension des pratiques de covoiturage permettront de nouvelles réductions
- l’empreinte écologique de Sieben Linden est dominée par l’impact des services publics, qui représentent 43% de l’empreinte totale. Ces services «publics» sont fournis à tous les citoyens et les habitants de Sieben Linden ne peuvent pas influencer directement ces services par leurs choix de mode de vie : un travail important, au niveau national, doit être réalisé afin de réduire l’impact des services publics du village.